Au rythme des agressions, répondre encore et encore, à des tweets à l'emporte pièce, être dans la réplique systématiquement, parce qu'on ne peut pas laisser passer comme si chaque pierre ne comptait pas, au détriment des réflexions que nous ne menons pas.
Quelles références avons-nous produit sur l'outing dans le contexte d'aujourd'hui qui ne date pas de celui de Mathusalem @TheStoneWallAge ?
Des pédés militent ouvertement au FN, à La Manif Pour Tous, d'autres se font les commis voyageurs d'un libéralisme raciste, homoLesboTransphobe et sexiste, qui écrase méthodiquement les émancipations (et c'est une conséquence logique de nos luttes et conquêtes) mais nous continuons à recycler en boucle des appels polis au coming out comme de vieux DJ égarés sur la RadioNostalgie d'une visibilité qui fut émergente.
Propulser en représentativité des participants du mensonge d'état d'une lutte contre les discriminations qui n'existe pas - ou seulement en toilettage cosmétique - nous aide-t-il réellement ?
La visibilité de gays et lesbiennes qui s'arrangent de la discrimination systémique (homolesbotransphobe mais aussi classiste et raciste) parce qu'ils et elles peuvent (espèrent) s'en tirer dans leurs niches, non seulement ne me représente pas, mais elle s'inscrit dans des dynamiques qui contribuent aussi à la reconduction de nos oppressions.
Qu'on se comprenne bien, lutter contre l'homophobie, y compris qui les oppresse, j'en suis ; mais on ne lutte pas contre l'homophobie en ne combattant pas les ressorts de la domination, lutter contre l'homophobie, ce n'est pas aménager des ilots de préservation liés au statut social, de race et aux conditions matérielles d'existence.
S'en tenir à une dénonciation ciblée de certaines matérialisations de l'homophobie couplée au déni de celles exercées par les classes dominantes à travers leur politique libérale a également des conséquences directes sur la vie des LGBT et en ça elle participe de la pérennité de l'homophobie.
Des pédés, des gouines, des trans paient de leurs corps et de leurs vies la construction d'une mythologie mixte et contradictoire de victimes faciles et de protégés du pouvoir dont les aspirations à exister seraient source d'humiliation d'un tout aussi mythologique peuple originel à l'intégrité fantasmée qu'il faudrait purger de ses altérités, mais sonnés de coups nous ne parvenons pas à desserrer l'étreinte en spirale mortifère d'un imaginaire qui se nourrit aussi de la propagation d'images nous ramenant à nos tuméfactions et d'appels à s'en remettre à une aide extérieure et à une dépendance à celle-ci qui solidifient tout autant qu'ils les dénoncent la cible chaque jour plus solidement accrochée.
Les jours sombres se nourrissent aussi de cet épuisement qui nous accule.
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