mardi 24 septembre 2013

Pourquoi nous devons mener la bataille de la PMA, épisode 1


PROCRASTINATION, subst. fém. Littér. Tendance à différer, à remettre au lendemain une décision ou l'exécution de quelque chose. Synon. ajournement, atermoiement.



Il y a maintenant un peu moins d’un an, le 21 novembre 2012, l’invraisemblable clause de conscience inventée par François Hollande à propos de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, poussaient quelques centaines de pédés et de gouines à manifester leur indignation rue de Solferino, devant le siège du PS.

Au sortir de cette manifestation, je décidai d’ouvrir un blog pour m’opposer à ma façon aux concerts d’énormités qui accompagnaient la présentation du projet de loi. J’en étais persuadée, l’ouverture du mariage serait une bataille idéologique ; elle serait longue, rude, et les gays devraient compter sur leurs propres forces pour y faire entendre leur parole.

Il me paraissait en outre évident que la tonalité de ces débats conditionnerait la suite du quinquennat. Accepter sans réagir le refus de ce gouvernement d’assumer son propre programme ne pouvait conduire qu’à l’assurance de reculs à venir dans tous les autres domaines (PMA, droit des trans, droit de vote des étrangers, droits des putes, mais aussi droit à la retraite, droits des malades …).

C’est pourquoi, en dépit des insuffisances du texte présenté, sa défense s’imposait. Il devenait au-delà de droits futurs, le thermomètre d’un rapport de force politique. Le symbole de la résistance aux diktats d’une morale conservatrice visant à défendre un ordre hétéropatriarcal, blanc et biologisant.

Les tergiversations du gouvernement sur l’ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) à toutes les femmes relèvent du même registre. Avec ses dérobades successives, il montre une bien pauvre conception de la politique : loin de défendre une volonté de transformation éthique de la société, il ne cesse de céder aux pressions des réactionnaires, les encourageant dans leurs tentatives de contester les droits des minorités.

Avec la PMA, les socialistes nous promettent, comme pour le Mariage, une bataille de longue haleine. Parions que cette promesse-là (la durée), ils la tiendront. Et puisqu’il faudra y revenir, j’ai décidé d’aborder la question par son versant le plus simple, l’égalité des couples.

Concrètement, la PMA recouvre les pratiques d’insémination artificielle et de fécondation in-vitro. Chaque année en France, des dizaines de milliers de couples ont recours à ces techniques et donnent naissance à près de 20 000 enfants.

Concrètement, notre pays, à ce jour, a décidé que seuls les couples hétérosexuels mariés (ou en couple depuis 2 ans) pouvaient accéder à ces pratiques, à condition d’infertilité ou pour éviter la transmission d’une maladie grave.

Cette condition d’infertilité concerne bien le couple et non les individus pris séparément. Il ne s’agit pas de savoir si chacun des membres de ce couple pourrait, en s’associant à un autre partenaire retrouver une fertilité naturelle.

La PMA devrait donc, à tout le moins, être accessible à tout couple infertile, quels que soient le sexe, le genre et l’orientation sexuelle des membres de ce couple ou la cause de l’infertilité.

Décider d’interroger l’orientation sexuelle ou le genre des individus avant de définir les droits auxquels ils ont accès relève purement et simplement de la discrimination.

Et s’il s’agit d’objecter, que dans le cas des couples composés de femmes, il sera nécessaire d’en appeler à une tierce personne, là encore, le seul principe d’égalité doit prévaloir. Soit nous interdisons toute technique de PMA ayant recours à une tierce personne, soit nous l’autorisons pour tous les couples.

Or, même de cette minimale et stricte application du principe d’égalité entre les couples, le gouvernement Ayrault aujourd’hui se défausse.

Pire, il prétend en faire une question de bioéthique. Mais quand la PMA en elle-même est autorisée, la seule question qui est alors posée au CCNE (Comité consultatif national d'éthique), c’est celle de la légitimité des couples non-hétérosexuels et non-cisgenre à y recourir.

Le gouvernement Ayrault a sans doute fait voter l’ouverture du mariage aux couples de même sexe mais il continue d’affirmer que tous les couples ne se valent pas !

Il y a ceux qu’il faut aider dans la construction de leurs familles et ceux qu’on peut condamner au pouvoir de l’argent et à la précarité de la clandestinité aux seuls motifs de ce qu’ils sont.

Face à ce simple constat, la question nous est posée, allons-nous comme le gouvernement, contribuer longtemps par notre silence et notre discrétion, à légitimer cette infériorisation de nos couples ? Cette infériorisation de nos vies ? Notre infériorisation tout simplement.

Rassemblement à l’appel du Collectif Oui Oui Oui
Pas d’égalité, sans la PMA. PS, tiens tes promesses !
Mercredi 25 septembre, 19h : Siège du PS, Paris, rue de Solferino
http://www.ouiouioui.org/



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