PROCRASTINATION,
subst. fém. Littér. Tendance à différer, à remettre au lendemain une décision
ou l'exécution de quelque chose. Synon. ajournement, atermoiement.
Il y a maintenant un peu moins d’un an, le 21
novembre 2012, l’invraisemblable clause de conscience inventée par François
Hollande à propos de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe,
poussaient quelques centaines de pédés et de gouines à manifester leur indignation
rue de Solferino, devant le siège du PS.
Au sortir de cette manifestation, je décidai
d’ouvrir un blog pour m’opposer à ma façon aux concerts d’énormités qui
accompagnaient la présentation du projet de loi. J’en étais persuadée,
l’ouverture du mariage serait une bataille idéologique ; elle serait
longue, rude, et les gays devraient compter sur leurs propres forces pour y
faire entendre leur parole.
Il me paraissait en outre évident que la
tonalité de ces débats conditionnerait la suite du quinquennat. Accepter sans
réagir le refus de ce gouvernement d’assumer son propre programme ne pouvait
conduire qu’à l’assurance de reculs à venir dans tous les autres domaines (PMA,
droit des trans, droit de vote des étrangers, droits des putes, mais aussi
droit à la retraite, droits des malades …).
C’est pourquoi, en dépit des insuffisances du
texte présenté, sa défense s’imposait. Il devenait au-delà de droits futurs, le
thermomètre d’un rapport de force politique. Le symbole de la résistance aux
diktats d’une morale conservatrice visant à défendre un ordre hétéropatriarcal,
blanc et biologisant.
Les tergiversations du gouvernement sur
l’ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) à toutes les femmes
relèvent du même registre. Avec ses dérobades successives, il montre une bien
pauvre conception de la politique : loin de défendre une volonté de
transformation éthique de la société, il ne cesse de céder aux pressions des
réactionnaires, les encourageant dans leurs tentatives de contester les droits
des minorités.
Avec la PMA, les socialistes nous promettent,
comme pour le Mariage, une bataille de longue haleine. Parions que cette
promesse-là (la durée), ils la tiendront. Et puisqu’il faudra y revenir, j’ai
décidé d’aborder la question par son versant le plus simple, l’égalité des
couples.
Concrètement, la PMA recouvre les pratiques
d’insémination artificielle et de fécondation in-vitro. Chaque année en France,
des dizaines de milliers de couples ont recours à ces techniques et donnent
naissance à près de 20 000 enfants.
Concrètement, notre pays, à ce jour, a décidé
que seuls les couples hétérosexuels mariés (ou en couple depuis 2 ans)
pouvaient accéder à ces pratiques, à condition d’infertilité ou pour éviter la
transmission d’une maladie grave.
Cette condition d’infertilité concerne bien le
couple et non les individus pris séparément. Il ne s’agit pas de savoir si
chacun des membres de ce couple pourrait, en s’associant à un autre partenaire
retrouver une fertilité naturelle.
La PMA devrait donc, à tout le moins, être
accessible à tout couple infertile, quels que soient le sexe, le genre et
l’orientation sexuelle des membres de ce couple ou la cause de l’infertilité.
Décider d’interroger l’orientation sexuelle ou
le genre des individus avant de définir les droits auxquels ils ont accès
relève purement et simplement de la discrimination.
Et s’il s’agit d’objecter, que dans le cas des
couples composés de femmes, il sera nécessaire d’en appeler à une tierce
personne, là encore, le seul principe d’égalité doit prévaloir. Soit nous
interdisons toute technique de PMA ayant recours à une tierce personne, soit
nous l’autorisons pour tous les couples.
Or, même de cette minimale et stricte
application du principe d’égalité entre les couples, le gouvernement Ayrault
aujourd’hui se défausse.
Pire, il prétend en faire une question de
bioéthique. Mais quand la PMA en elle-même est autorisée, la seule question qui
est alors posée au CCNE (Comité consultatif
national d'éthique), c’est celle de la légitimité des couples
non-hétérosexuels et non-cisgenre à y recourir.
Le gouvernement Ayrault a sans doute fait voter
l’ouverture du mariage aux couples de même sexe mais il continue d’affirmer que
tous les couples ne se valent pas !
Il y a ceux qu’il faut aider dans la
construction de leurs familles et ceux qu’on peut condamner au pouvoir de
l’argent et à la précarité de la clandestinité aux seuls motifs de ce qu’ils
sont.
Face à ce simple constat, la question nous est
posée, allons-nous comme le gouvernement, contribuer longtemps par notre
silence et notre discrétion, à légitimer cette infériorisation de nos
couples ? Cette infériorisation de nos vies ? Notre infériorisation
tout simplement.
Rassemblement à l’appel du Collectif Oui Oui Oui
Pas d’égalité, sans la PMA. PS, tiens tes
promesses !
Mercredi 25 septembre, 19h : Siège du PS,
Paris, rue de Solferino
http://www.ouiouioui.org/
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