La sortie de Guido Barilla a un contexte. L’Italie aujourd’hui.
La semaine dernière était discutée, à grand peine, une loi contre l’homophobie.
Une loi qui prévoit de ne pas s’appliquer aux organisations qui ont des
activités de nature politique, syndicale, culturelle, sanitaire,
d’instruction ou encore de religion et de culte, une loi qui doit encore
repasser au Sénat. En clair, l’homophobie institutionnelle ne sera ni
condamnée, ni condamnable. Nulle part. Pas plus à l’école qu’à l’hôpital, pas
plus au boulot qu’à la télé, pas plus celle du syndicaliste que celle de
l’assistante sociale !
En Italie, les pédés, les gouines, les trans n’ont aucun droit
et leurs couples et leurs familles encore moins. Et nombre de forces politiques
font tout pour que ça reste ainsi et qu’au pire – pour éviter toute
reconnaissance- on s’en remette au contrat privé passé devant notaire.
Certains, en France, pensent que s’offusquer des propos de
Barilla revient à conforter le pouvoir donné aux marques et aux industriels.
Mais, Berlusconi comme Guido Barilla, ne sont pas seulement des PDG, ce sont
des dirigeants de fait de l’Italie. Et d’ailleurs Barilla pourrait bien
succéder à Berlusconi. Traiter par le mépris ou le silence leurs prises de
position ne diminuera en rien leur influence.
Quand Guido Barilla fait ses déclarations, il ne positionne pas
seulement sa marque, il se positionne aussi dans un débat sur la société
italienne où se discutent encore la place des femmes (et sa sortie n’était pas
seulement homophobe mais aussi sexiste), la place des pédés et des gouines et
il n’avait même pas besoin de le dire, tous les Italiens l’ont très bien
compris, la place des immigrés. Or ne l’oublions pas, les violences contre les
femmes, comme celles contre les homosexuels et les immigrés, sont en constante
augmentation en Italie
Guido Barilla a d’ailleurs été très clair dans ses déclarations,
il ne dit pas seulement qu’il n’y aura pas de gays dans les publicités de sa
marque de pâtes, parce que ce ne serait pas en adéquation avec l’image qu’il
souhaite la voir véhiculer, non il affirme aussi que « le concept de la
famille sacrée demeure l'une des valeurs fondamentales de la société »[1].
Alors, sans doute, certaines réactions des gays français
sont-elles épidermiques, voire primaires. Mais nombre de pédés et de gouines en
Italie auront apprécié de se sentir soutenus.
Et même si Barilla, pense avoir réussi son coup, en diffusant
son message aux franges les plus obscurantistes du pays : ils peuvent
compter sur lui pour s’affirmer en fervent défenseur de la famille
traditionnelle, valeur ô combien sacrée, face aux méchants lobbys qui l’ont
obligé à reculer, pour les gays italiens, affirmer haut et fort, que le temps
où ils subissaient l’exclusion en silence est terminé, ce n’est pas
négligeable.
[1] « Per
noi il concetto di famiglia sacrale rimane uno dei valori fondamentali
dell'azienda. La nostra è una famiglia tradizionale. Se ai gay piace la nostra
pasta e la comunicazione che facciamo mangeranno la nostra pasta, se non piace
faranno a meno di mangiarla e ne mangeranno un'altra. » http://parma.repubblica.it/ Venerdì
27 Settembre 2013
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