lundi 4 mai 2020

La marque Macron : traquer le consentement






Ce samedi était présenté en conseil des ministres le projet de loi gouvernemental prévoyant de prolonger de deux mois l’état d’urgence sanitaire contre le Covid-19.

Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement a choisi en axe de lutte contre l’épidémie, mensonge, autoritarisme et infantilisation.

Un choix, qui au delà de l’incurie manifeste, est assez cohérent avec la politique macronnienne qui cultive un concept mitterrandien du coup d’état permanent.

L’article 6 du Projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire et complétant ses dispositions qui s’affiche comme permettant « au ministre chargé de la santé de mettre en œuvre un système d’information aux seules fins de lutter contre la prorogation de l’épidémie de covid-19 » n’en est que la dernière illustration en date.

Il prévoit, par dérogation au code de la santé publique, la possibilité de ficher et partager des données médicales sans le consentement des malades.

Or, prétendre faire passer l’absence de consentement comme une nécessité de santé publique est non seulement mensonger, mais également contre-productif et dangereux.

Le consentement n’est en rien un obstacle à la lutte contre une pandémie, il en est au contraire une des conditions principales.

Tout un chacun est en capacité de comprendre l’intérêt du dépistage pour soi et ses contacts, quand il s’agit d’assurer une meilleure prise en charge et de casser les chaines de contaminations.

Quand on organise la politique de santé publique autour du soin des personnes, on crée une dynamique d’appropriation qui est exponentielle et conduit chacun à agir pour un commun bénéfique à tous.

Si en revanche il s’agit de constituer un fichier aux conséquences répressives et discriminatoires, avérées ou supputées, le bénéfice à la fois personnel et collectif fond immédiatement, générant conduites d’évitement et réticences, non seulement à être fiché soi-même mais à permettre le fichage de ses contacts afin de ne pas s’y exposer, ni exposer autrui.

C’est ainsi que plutôt que de transformer de potentiels personnes asymptomatiques ou peu symptomatiques en acteurs de santé dynamiques, 

-c’est le b.a.ba des politiques sanitaires, on le sait quelqu'un qui connait son statut est un meilleur acteur de prévention qui modifie son comportement sur la base de connaissances et doutes partagés -

on sera collectivement incité à se méfier des personnels médicaux, transformés en auxiliaires de police et à peser dans un chacun pour soi potentiellement vecteur de contaminations, le bénéfice comparé attendu de l’ignorance de son statut sérologique à l’aune des restrictions de liberté, discriminations et pertes financières qui pourraient découler d’un partage d’une telle information.


C’est donc la pire des options aussi bien en terme sanitaire qu’au regard des droits et libertés.

Et elle ne saurait masquer qu’à défaut de contrôler l’épidémie, c’est sur la population que le gouvernement cherche à accroitre son contrôle.