Ce
samedi était présenté en conseil des ministres le projet de loi
gouvernemental prévoyant de prolonger de deux mois l’état
d’urgence sanitaire contre le Covid-19.
Depuis
le début de l’épidémie, le gouvernement a choisi en axe de lutte
contre l’épidémie,
mensonge, autoritarisme et infantilisation.
Un
choix, qui au delà de l’incurie manifeste, est assez cohérent
avec la politique macronnienne qui cultive un concept mitterrandien du
coup d’état permanent.
L’article
6 du Projet
de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire et complétant
ses dispositions qui
s’affiche comme permettant
« au ministre chargé de la santé de mettre en œuvre un
système d’information aux seules fins de lutter contre la
prorogation de l’épidémie de covid-19 » n’en
est que la dernière illustration
en date.
Il prévoit, par dérogation au code de la santé publique, la
possibilité de ficher et partager des données médicales sans le
consentement des malades.
Or,
prétendre faire passer
l’absence de consentement comme une nécessité de santé publique
est non seulement mensonger,
mais également contre-productif et dangereux.
Le
consentement n’est en rien un obstacle à la lutte contre une
pandémie, il en est au contraire une des conditions principales.
Tout
un chacun est en capacité de comprendre l’intérêt du dépistage
pour soi et ses contacts, quand il s’agit d’assurer une meilleure
prise en charge et de casser les chaines de contaminations.
Quand
on organise la politique de santé publique autour du soin des
personnes, on crée une dynamique d’appropriation qui est
exponentielle et conduit chacun à agir pour un commun bénéfique à
tous.
Si
en revanche il s’agit de constituer un fichier aux conséquences
répressives et discriminatoires, avérées ou supputées, le
bénéfice à la fois personnel et collectif fond immédiatement,
générant conduites d’évitement et réticences, non seulement à
être fiché soi-même mais à permettre le fichage de ses contacts
afin de ne pas s’y exposer, ni exposer autrui.
C’est
ainsi que plutôt que de transformer de potentiels personnes
asymptomatiques ou peu symptomatiques en acteurs de santé
dynamiques,
-c’est le b.a.ba des politiques sanitaires, on le sait
quelqu'un qui connait son statut est un meilleur acteur de prévention
qui modifie son comportement sur la base de connaissances et doutes
partagés -
on sera collectivement incité à se méfier des personnels médicaux,
transformés en auxiliaires de police et à peser dans un chacun pour
soi potentiellement vecteur de contaminations, le bénéfice comparé
attendu de l’ignorance de son statut sérologique à l’aune des
restrictions de liberté, discriminations et pertes financières qui
pourraient découler d’un partage d’une telle information.
C’est
donc la pire des options aussi bien en terme sanitaire qu’au regard
des droits et libertés.
Et
elle ne saurait masquer qu’à
défaut de contrôler l’épidémie, c’est sur la population que
le gouvernement cherche à accroitre son contrôle.