Génial,
Sarkozy postule au rôle du coq perché au sommet de l’église et nous voilà
promus experts en météo juridique !
Bon, la
bonne nouvelle, c’est que si une partie des militants de l’UMP est ravie du
retour du patron, cet enthousiasme n’est visiblement pas partagé par ses
cadres. Qui se sont empressés d’exploiter l’image peu flatteuse, pour qui
prétend incarner la hauteur d’un chef d’Etat, du tribun cédant aux imprécations
d’une salle rugissante.
La
mauvaise nouvelle, c’est que passent ainsi pour modérées les propositions de
ses concurrents de ne s’en tenir qu’à une réécriture de la loi Taubira et
d’interdire toute progression de nos droits.
Peut-on,
ne peut-on pas ? La bataille n’est pas juridique mais idéologique. Faut-il
rappeler, qu’en dernier ressort, le juridique n’a aucune existence objective et
demeure en toute circonstance soumis à interprétation politique.
Il y a
une quinzaine d’années, Caroline Mécary faisait remarquer que rien
n’interdisait dans la loi de marier des couples homos, pourtant il a fallu 15
ans justement et une loi spécifique pour y parvenir. Tout simplement parce que
l’interprétation du droit n’échappe pas au rapport de forces idéologiques.
Alors
évidemment on peut, c’est compliqué, délicat, peu probable, des garde-fous
(quasiment au sens littéral) existent, mais quand le vent devient mauvais, rien
n’est impossible. Et je ne vais pas expliquer comment à nos ennemis, ils en ont
déjà quelques idées assez précises. Y compris à d’autres échelles
qu’hexagonales.
Sans en
arriver là, pour le moment, ils réussissent toujours à marquer des points. Peu
importe que les déclarations de Sarkozy le revenant soient crédibles et aient
vocation à se réaliser ou non, non seulement ils parviennent à imposer qu’on
débatte encore et toujours, en dépit des tendances légitimistes lourdes de la
population, de la validité d’une loi votée mais qui plus est, ils nous acculent
à défendre cette seule avancée, nous empêchant d’en pointer les insuffisances
et de développer nos propres revendications.
Comme
le souligne le communiqué des Enfants d’Arc en Ciel, pourtant « Un mariage au rabais c’est déjà ce qui
nous a été accordé. Certains d’entre nous ne peuvent pas se marier en raison de
la nationalité de l’un d’eux, la filiation n’est pas accessible à nos enfants
dès leur naissance et sans procédure judiciaire, les enfants ne peuvent pas
être conçus dans leur pays grâce à l’aide médicale à la procréation, etc. »[1]
Mais
une fois de plus, ce week-end, il a été question non du mariage mais de mariage
homosexuel. Nul n’est besoin en fait de nous proposer un mariage à part,
puisque d’une certaine façon c’est toujours le cas dans les esprits et dans la
loi.
Parler
de mariage homosexuel, c’est en fait souligner et entretenir malgré cette loi,
l’idée que nos unions n’accèdent toujours pas et n’ont pas à accéder au droit
commun.
Une
façon à minima de bloquer toute évolution nous y conduisant. Xavier Héraud de Yagg, dans son édito[2]
d’aujourd’hui, peut bien se moquer de Bruno Le Maire défendant des interdictions
déjà à l’œuvre, il n’empêche qu’à les agiter, il passe pour modéré et
responsable. Quasi consensuel ! et contribue à les rendre indiscutables.
J’ai vu
ici et là déplorer que Sarkozy nous utilise, mais il n’est pas le seul. Toute
la classe politique, avec la complicité des médias, se joue de nous. Sarkozy
qui veut se faire le champion de toute la droite, Le Maire, Fillon, Juppé qui
souhaitent reprendre à François Hollande la chaire de la modération responsable
et le Président qui en profite pour nous rappeler à l’apaisement[3], brandissant avec satisfaction la menace d’une alternance
pire que sa gouvernance.
Le
temps d’un week-end, les médias friands de ce type de divertissement, ont
consenti à nous ouvrir leurs micros, et faute de mieux nous voilà contraints à
jouer les pompiers bénévoles des insuffisances socialistes !
La
Manif pour tous et ses avatars nous
donnent des leçons d’activisme minoritaire. En maintenant constante leur
pression sur la légitimité même de la loi Taubira, ils nous obligent à
concentrer nos forces et nos énergies en défense.
Heureusement,
pendant ce temps, l’ADFH[4]
a obtenu d’échanger son strapontin à l’UNAF contre un siège de membre à part
entière. Là, on avance, même si nous ne sortons toujours pas du cercle de la
famille.
[2] «Sarkozy, l’UMP et les homos: un
mensonge chasse l’autre», par Xavier Héraud,
[3]
«Cette loi est respectée, elle est d’ailleurs chaque
jour mieux comprise. Ensuite il appartiendra, s’il devait y avoir alternance, à
ce que ce débat se repose. Mais aujourd’hui, il n’est pas posé, il n’est plus
posé et je vais vous dire aussi que dans ce débat-là, qui est maintenant
derrière nous, moi je pense que l’apaisement est la meilleure des méthodes. Le
consensus est toujours préférable à la division.»
[4] ADFH - Association Des Familles Homoparentales
un article qui résume bien la situation actuelle et qui est malheureusement très peu réjouissante
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