Je
n’ai aucune sympathie pour Ségolène Royal[1] assurément moins émouvante que la
frimousse vulnérable de ragondins, plus ou moins renvoyés au bestiaire
empathique et imaginaire de la construction de notre humanité.
Certes,
ces derniers jetés à leur corps défendant dans le ragoûtant potage médiatique
qui nous était servi hier au sujet des manifestations non des paysans mais de
certains agriculteurs exigeant qu’on les laisse polluer en paix, ont quelque
peu coagulé dans l’assiette qu’on s’était efforcé de nous présenter toute la
journée.
Il
n’en reste pas moins que l’association de la Ministre de l’écologie à ces dits
ragondins, c’est-à-dire à la classe des rongeurs ou pour faire plus direct
encore à celle des rats, et ceci de manière plus qu’explicite : "Les ragondins, c'est comme Ségolène, c'est des nuisibles"[2], n’a semblé susciter aucun
émoi.
En outre ces propos, si on s’en rapporte au Huffington Post, étaient ainsi complétés
par un autre manifestant "C'est symbolique, c'est des nuisibles, on est
la meilleure profession pour les gérer".
Reste
à y ajouter une image multidiffusée également dans l’indifférence générale qui
montrait des manifestants s’efforçant de brûler une effigie de Ségolène Royal.
Il
n’y a pas à en douter l’entreprise de définition de la violence légitime, compréhensible
et respectable, a fonctionné à plein cette semaine.
Et dans l’ordre traditionnel et autoritaire que cette violence
entend défendre, et que le gouvernement
(y compris Ségolène Royal) soutient, on brûle toujours les sorcières en
place publique.
[1] Que je considère comme l’une
des non négligeables courroies de transmission de l’ordre socialo-autoritaire
que les classes dominantes souhaitent nous voir accepter en un silence déférent
et reconnaissant.
[2] "C'est en ces termes qu'un agriculteur justifie, dans une vidéo diffusée
de Télénantes l'action de manifestants qui ont maltraité
des ragondins vivants."
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