jeudi 6 novembre 2014

Des rats et des sorcières




Je n’ai aucune sympathie pour Ségolène Royal[1] assurément moins émouvante que la frimousse vulnérable de ragondins, plus ou moins renvoyés au bestiaire empathique et imaginaire de la construction de notre humanité.

Certes, ces derniers jetés à leur corps défendant dans le ragoûtant potage médiatique qui nous était servi hier au sujet des manifestations non des paysans mais de certains agriculteurs exigeant qu’on les laisse polluer en paix, ont quelque peu coagulé dans l’assiette qu’on s’était efforcé de nous présenter toute la journée.

Il n’en reste pas moins que l’association de la Ministre de l’écologie à ces dits ragondins, c’est-à-dire à la classe des rongeurs ou pour faire plus direct encore à celle des rats, et ceci de manière plus qu’explicite : "Les ragondins, c'est comme Ségolène, c'est des nuisibles"[2], n’a semblé susciter aucun émoi.

En outre ces propos, si on s’en rapporte au Huffington Post, étaient ainsi complétés par un autre manifestant "C'est symbolique, c'est des nuisibles, on est la meilleure profession pour les gérer".

Reste à y ajouter une image multidiffusée également dans l’indifférence générale qui montrait des manifestants s’efforçant de brûler une effigie de Ségolène Royal.

Il n’y a pas à en douter l’entreprise de définition de la violence légitime, compréhensible et respectable, a fonctionné à plein cette semaine.

Et dans l’ordre traditionnel et autoritaire que cette violence entend défendre, et que le gouvernement  (y compris Ségolène Royal) soutient, on brûle toujours les sorcières en place publique.



[1] Que je considère comme l’une des non négligeables courroies de transmission de l’ordre socialo-autoritaire que les classes dominantes souhaitent nous voir accepter en un silence déférent et reconnaissant.
[2] "C'est en ces termes qu'un agriculteur justifie, dans une vidéo diffusée de Télénantes l'action de manifestants qui ont maltraité des ragondins vivants."

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