Le
30 novembre dernier la Mairie de Paris inaugurait des plaques
commémoratives de l’action de Cleews Vellay, pédé, séropo,
activiste, président d’Act Up-Paris, mort en 1994 du sida et des
politiques qu’il combattait.
Lors
de cette commémoration il était question des politiques qui
continuent de tuer aujourd’hui.
Et
j’interpellais la Mairie sur les nécessités vitales qu’elle
prenne la mesure de ses propres implications dans ces politiques et
qu’elle revienne sur celles-ci.
L’actualité
de ces derniers jours est venu en rappeler douloureusement l’urgence.
Madame
la Maire, cessez de prêter votre caution aux détournements contre
les travailleurs•ses du sexe des arrêtés conjoints notamment
anti-stationnement entre la préfecture de Paris et la mairie et aux
répressions ciblées qui s’exercent sur eux.elles dans plusieurs
quartiers du nord est parisien par exemple en s’abritant derrière
des motifs de tranquillité et de sécurité publique.1
Les
travailleurs•ses du sexe ont aussi droit à la sécurité.
Ce
qui n’est pas le cas
« Quand la municipalité
n’abroge pas des arrêtés municipaux qui conduisent les
travailleuses du sexe à s’enfoncer toujours plus dans des taillis
de nos bois périphériques où elles se font assassiner dans
l’indifférence. Quand nombre de ses élus font la promotion de la
loi de pénalisation quand il faudrait en dénoncer le fait qu’elle
aggrave vulnérabilités, contaminations et violences. »2
Écoutez
les travailleurs•ses du sexe, recevez leur syndicat, le STRASS
comme il vous en a fait la demande.
A
votre poste, vous pouvez faire une différence, soyez l’alliée des
plus précarisées, lancez le signal d’un changement de paradigme,
vous pouvez, à l’instar de ce que vous souhaitez mener avec Paris
sans sida, être celle qui engagera une véritable co-politique menée
avec les principaux•les concernées de lutte contre les répressions
des plus vulnérabilisé•es.
Nous vous
l’avons dit le 30 novembre dernier
« Nous
ne voulons plus déposer de gerbes de fleurs au bois de Boulogne.
Nous ne
voulons plus inaugurer de plaques, surtout pas mortuaires.
Nous
voulons vivre. »
Vous
nous avez écouté poliment,
Pourtant
demain, une fois de plus, il nous faudra manifester, demander justice
pour Jessyca Sarmiento, assassinée sauvagement au bois de Boulogne
et honorer sa mémoire.3
Acceptess-T.,
association auprès de laquelle Jessyca Sarmiento avait pu trouver un
accompagnement social, juridique, sanitaire et administratif qui lui
était négligé ou refusé ailleurs, l’a rappelé :
« Elle
était venue en France pour y travailler et y vivre. Elle y a
travaillé et y a vécu un an. Et nous ne pouvons pas supporter
l’idée qu’elle y soit morte pour ces raisons. »4
Au
contraire du gouvernement, principal opérateur des politiques qui
ont mené à ce meurtre, dont les ministres et diverses candidates
aux municipales dans notre ville endeuillée par cet assassinat
n’ont eu aucun mot de considération pour la victime,
Madame
Hidalgo, vous vous êtes dite choquée de ce meurtre et avez adressé
vos pensées «à la famille et aux proches de la victime ».5
Vous
avez récemment admis partager « les constats des acteurs de la
société civile quant aux effets pervers de la pénalisation »6
Vous
vous dites pragmatique, alors mettez de côté votre « divergence
théorique sur la prostitution » avec les activistes sida et
associations d’autosupport trans et travailleur•ses du sexe,
mettez vos actes en conformité à ce constat et prenez sans tarder
position contre les politiques de pénalisations.
Il
y a urgence, ces politiques tuent.
Refusez
d’être du côté, même compassionnel, des décomptes macabres.
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