Il n’y a pas plus obsédé par le sexe que les tenants de la norme,
tel est le constat que je tire du dernier épisode loftique de l’Elysée, mis en
scène par les médias.
Un journal a estimé qu’il était de son intérêt de faire chose
publique des relations sexuelles du Président de la République. La presse dans
son ensemble a emboîté le pas, audimat garanti qu’il n’était pas question de
céder aux réseaux sociaux.
Peu m’importe aujourd’hui la couverture invoquée en
justification : transparence, part de marché … ou les mécanismes qui ont
rendu possible une telle séquence : fonction présidentielle dégradée,
statut marital, communication désastreuse, intérêts politiques, commerciaux …
Non, j’ai choisi de m’attarder sur l’exigence de clarification.
Exigence ? Le Président de la république était-il dans
l’incapacité de remplir ses fonctions ? Parce qu’il ne couche pas où et
avec qui les français l’imaginent ? Parce qu’il n’organisait pas sa vie
privée selon des critères nous paraissant acceptables ?
Au nom de quoi nous sommes-nous collectivement immiscés dans
l’organisation de la vie conjugale de François Hollande et Valérie Trierweiler,
les sommant de clarifier la nature de leur relation, si ce n’est avec l’idée
qu’il ne saurait exister de relations sexuelles en dehors du couple ?
Nous avons décidé que le statut de la compagne du Président de la
République devait se fonder sur des relations sexuelles exclusives, et qu’à
côté de cette condition peu importait ce qui unit un couple. Déniant à ce
couple tout droit à construire sa relation sur d’autres critères.
Quelles qu’ait pu être la qualité de ce que Hollande et
Trierweiler partageaient, les médias et l’opinion publique ont décidé que ne
sauraient être pris en considération une éventuelle intimité affective,
intellectuelle ou que sais-je d’autre. Qu’il n’était pas admissible que le
Président partage sa vie ici et couche là.
Nous avons décidément bien du mal à laisser les uns et les autres
décider eux-mêmes et pour eux-mêmes de la nature des liens qui les unissent et
à ne pas leur imposer les seuls qui nous agréent.
Alors plutôt que de gloser sur l’inélégance de la rupture, ne
devrions-nous pas nous interroger sur notre rôle dans celle-ci quand nous
veillons collectivement à imposer nos normes et à nous assurer qu’on s’y
conforme.
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