Pourquoi sortir de son trou, de ce cocon où la lassitude
mais aussi la conviction que c’était désormais à d’autres de prendre le relais et d’inventer les modes d’action d’aujourd’hui m’avaient menée ?
Peut-être l’overdose d’énormités, tout ce blabla autour de
l’ouverture du mariage qui au mieux essaie d’habiller l’homophobie de
circonvolutions présentables. Y compris dans la bouche de pédés ou de gouines
qui ont si bien intégré la norme gris muraille.
Peut-être ce sentiment étrange qui m’a saisie, mercredi
dernier devant le siège du PS, en constatant que je connaissais tant de monde à
ce rassemblement de colère qui répondait aux déclarations du Président de la
République reconnaissant à des maires le droit de ne pas nous marier.
Ça avait un aspect sympathique ce côté amicale des anciens
combattants à qui François Hollande avait fourni une occasion de prendre l’air
et de se retrouver ! Tous ces militants qui se battaient déjà, il y a 10
ans, il y a 20 ans …
Mais nous n’aurions jamais dû être là. Et s’il fallait
être là, nous aurions dû nous fondre dans la masse.
Devoir compter sur les mêmes, sur nos propres forces,
encore, ça dit quoi ?
Nous, pédés, gouines, trans, n’avons jamais rien gagné
facilement.
Maintenant c’est sûr, cette bataille va durer. Alors,
prendre les coups en silence ? Attendre que ça passe ? Subir des
discours qui s’imposent à nous ?
Ou une fois de plus, rompre le silence, refuser qu’on
parle à notre place ? Dire je, et parler de là où je suis.
Ce n’est pas la première fois que je pense à un blog. Mais
la plupart du temps, je me demande pourquoi faire ? Ce que j’ai à dire,
d’autres ne l’ont-ils pas déjà dit ? De nombreuses fois ?
C’est là qu’en général, ma femme objecte. Tu as
l’impression d’avoir été entendue ?
Dans le bruit ambiant, il faut répéter et répéter encore
dit-elle.
Ma femme a souvent raison !
Le pire est de se taire. De ne rien faire.