Devant le Congrès réuni à
Versailles lundi (16 novembre 2015), François Hollande le clame : « Nous
devons pouvoir déchoir de la nationalité française un individu condamné pour
atteinte aux intérêts de la nation ou pour acte terroriste, même s’il est né
français, dès lors qu’il a une autre nationalité ».
Au-delà de l’efficacité plus que
douteuse concrètement d’une telle mesure dont une version light existe déjà[1],
le message est avant tout affichage politique. Et que nous dit-il ?
Que les terroristes ont d’ores et
déjà remporté une bataille. Un Président de la République porté par la gauche
au pouvoir nous appelle à nous ranger en union sacrée derrière une mesure qui
propose de lier, toujours plus, le traitement pénal aux origines de l’individu
et aux modalités de son acquisition de la nationalité française. Qui renforce
des catégories de traitement différencié entre français. Qui trie entre ceux
qu’on peut déchoir de la nationalité française et les autres. Qui réaffirme
l’idée qu’un binational n’est pas un Français à part entière mais toujours
potentiellement un étranger.
Les mêmes qui, alors que le pays
dans sa grande majorité essaie de ne pas vaciller dans la terreur, prétendent
faire de la République la vigie de la résistance tentent de nous entraîner[2]
à abattre son esprit même (quand déjà, la pratique, est plus que défaillante)
en attaquant l’article premier de sa constitution : «La France est une
République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité
devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de
religion. »[3]
Nous scinder sur les bases d’une
pureté identitaire fantasmée, l’extrême-droite et les terroristes en rêvent, un
Président socialiste le fait. Cette justice d’exception n’a qu’une fonction,
ajouter à la sanction pénale de l’état de droit, la possibilité de séparer,
d’expulser, de bannir d’un corps national fantasmé l’altérité érigée en source
originelle de tous les dangers.
La déchéance de nationalité ne
lutte pas contre le terrorisme, elle cède à la première de ses exigences.
Que François Hollande dans sa
stratégie de confrontation binaire avec Marine Le Pen (censée le mener à un
second quinquennat) choisisse de se placer dans les bottes de l’extrême droite
est une chose, en revanche l’accepter, nous y soumettre ou non, relève de notre
responsabilité. Même pas peur ? Il serait peut-être au contraire temps de
reconnaître la peur pour ne pas la laisser nous dominer.
Notre société fabrique des
enfants qui assassinent, ces assassins sont nos enfants. On peut souhaiter
s’aveugler sur cette douleur. La nier n’y changera, ni ne résoudra rien.
[1] « Les cas de déchéance de nationalité, dans la
configuration actuelle, sont rares. Selon les chiffres du ministère de
l'intérieur, 26 déchéances de nationalité ont été prononcées – toutes pour
terrorisme – depuis 1990. Mais elles se sont récemment accélérées : alors que
la dernière remontait à 2006, Bernard Cazeneuve a signé six décrets en ce sens
à lui seul depuis son arrivée place Beauvau. » in « Etendre la
déchéance de nationalité »,
Louise Fessard, Mediapart, 16 novembre 2015, http://www.mediapart.fr/journal/france/161115/etendre-la-decheance-de-nationalite?onglet=full
[2] « 91% des sondés approuvent l'élargissement des
possibilités de déchéance de la nationalité française » in « Attentats:
73% des Français estiment que Hollande est à la hauteur », BFMtv, http://www.bfmtv.com/politique/attentats-73percent-des-francais-estiment-que-hollande-est-a-la-hauteur-930980.html
[3] Article 1 de la Constitution :
« La France est une
République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité
devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de
religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est
décentralisée.
La loi favorise l'égal accès
des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi
qu'aux responsabilités professionnelles et sociales. »
Non ce ne sont pas nos enfants ce sont les enfants des familles qui les ont mis au monde belges ou françaises ou autres. Je trouve curieux que la critique de la famille s'arrête uniquement à la famille catho. Quand ce sont des familles musulmanes qui ont engendré ces personnes en fait c'est pas eux "c'est la société".
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